A toi Petit Inconnu...
Au parc, comme chaque midi à manger des sandwichs et des sushis...On se toise, on s'observe, on commente les tenues de ce défilé permanent: femmes d'affaires à hauts talons, joggers et nounous avec petits...
Les regards se tournent vers une fille provocante, un bel enfant, un excentrique ou un cinglé qui mate...Et puis, les regards deviennent insistants car quelqu'un est différent...Pas de moqueries, mais de la gêne : c'est un enfant.
Je ne l'aurai pas remarqué dans ce tumulte de poussettes si je n'avais vu leurs yeux se river sur le petit garçon ; je ne l'aurai pas vu de cette façon (avec mes yeux de maman) sans ce silence soudain. Comme un monde qui s'écroule, le temps s'arrête quelques secondes et les regards se détournent comme si c'était trop dur à supporter...
J'ai de la peine pour eux.
Je lui ai souri comme je le fais avec tous les enfants, il m'a rendu mon sourire avec son petit coeur innocent. Certainement pas habitué à ce que des inconnus lui offre du soleil, peu de gens qui osent le regarder en face...
J'ai lu dans ses yeux toute l'insouciance de sa jeunesse, toute la joie de voir du monde. Avec ses grandes prunelles noires, il ne sait pas encore que son visage porte les traces d'une anomalie esthétique (au sens débile de notre société). Il ne comprent pas encore qu'un jour ces regards stupides il devra les affronter...
Petit bonhomme profite de tes tendres années avant de mettre les pieds sur terre...mais saches que pour moi, maman, tu as la beauté de l'enfance.